H.P. LOVECRAFT, LE DIEU SILENCIEUX
Hendrickx Didier
Extrait
Extrait de l'introduction
Le veilleur de pierre
«Il n'a pas pris une ride», ai-je pensé en achevant la lecture de mon mémoire de fin d'études universitaires sur Howard Phillips Lovecraft. Ce n'était pas par orgueil ou autosatisfaction repue d'un quadragénaire jetant un regard nostalgique sur son passé.
Depuis 1986, j'ai en fait continué à lire non seulement les nouvelles et romans des continuateurs de Lovecraft, mais aussi diverses études sur celui qu'on nomme le Maître de Providence. À cet égard, le risque de ce type d'apologie généreuse en surnoms flatteurs et autres titres de noblesse est d'embaumer l'auteur en question et de condamner l'accès à son mausolée.
Comment aurais-je pu d'ailleurs délaisser cet étrange personnage qui est en grande partie responsable de mon cheminement personnel ?
La recherche lovecraftienne a depuis abouti à la mise à jour de nouveaux textes, à de nouvelles traductions, à des découvertes sur l'homme mais aussi ses opinions, ses habitudes, ceux qui l'ont inspiré. J'en suis le premier ravi. Cela permet à ceux qui veulent bien faire preuve d'honnêteté intellectuelle, de réviser leur jugement hâtif sur l'écrivain et le penseur. Il faut dire qu'une manie de ces dernières décennies, de plus en plus prégnante et dévoreuse d'oxygène, est d'embrigader le passé dans un obscur combat contre des ennemis factices, dérisoires, ou depuis longtemps momifiés. Mais pour ceux et celles qui avaient réellement lu Lovecraft, la complexité de l'homme ne leur était pas inconnue.
Laissez-moi cependant être sceptique : la complexité d'un auteur comme Céline ou celle de courants de pensée comme la Nouvelle Droite n'empêche pas des «Colonnes Sanglantes» d'un nouveau genre de sabrer tout ce qui ne fleure pas le doux parfum du progressisme. Qu'un homme de lettres ou un philosophe puisse être au-delà des catégories politiques usitées dépasse leur entendement.
«Pas une ride», écrivais-je. Et même plus, oserai-je affirmer ! L'impossibilité de communiquer et la destruction du monde et de l'homme ancien, loin d'être une lubie momentanée d'aristocrate suranné ou de prophète de la décadence, sont deux caractéristiques majeures de ce stade de la civilisation occidentale. La première, conséquence de l'individualisme extrême, participe à la deuxième, effacement méthodique de tous les fondements d'une société organique et enracinée.
Voici trois quarts de siècle, Lovecraft lançait un regard acéré sur la société industrielle et ce monde techno-marchand en pleine éclosion et déjà grand consommateur d'humains. Dans les ports de la Nouvelle-Angleterre et des États-Unis en général, il diagnostiquait l'avènement d'une véritable idéologie du flux et de l'anonymat ainsi que le dépérissement des structures théoriquement immuables de l'ancienne civilisation européenne.
Le veilleur de pierre
«Il n'a pas pris une ride», ai-je pensé en achevant la lecture de mon mémoire de fin d'études universitaires sur Howard Phillips Lovecraft. Ce n'était pas par orgueil ou autosatisfaction repue d'un quadragénaire jetant un regard nostalgique sur son passé.
Depuis 1986, j'ai en fait continué à lire non seulement les nouvelles et romans des continuateurs de Lovecraft, mais aussi diverses études sur celui qu'on nomme le Maître de Providence. À cet égard, le risque de ce type d'apologie généreuse en surnoms flatteurs et autres titres de noblesse est d'embaumer l'auteur en question et de condamner l'accès à son mausolée.
Comment aurais-je pu d'ailleurs délaisser cet étrange personnage qui est en grande partie responsable de mon cheminement personnel ?
La recherche lovecraftienne a depuis abouti à la mise à jour de nouveaux textes, à de nouvelles traductions, à des découvertes sur l'homme mais aussi ses opinions, ses habitudes, ceux qui l'ont inspiré. J'en suis le premier ravi. Cela permet à ceux qui veulent bien faire preuve d'honnêteté intellectuelle, de réviser leur jugement hâtif sur l'écrivain et le penseur. Il faut dire qu'une manie de ces dernières décennies, de plus en plus prégnante et dévoreuse d'oxygène, est d'embrigader le passé dans un obscur combat contre des ennemis factices, dérisoires, ou depuis longtemps momifiés. Mais pour ceux et celles qui avaient réellement lu Lovecraft, la complexité de l'homme ne leur était pas inconnue.
Laissez-moi cependant être sceptique : la complexité d'un auteur comme Céline ou celle de courants de pensée comme la Nouvelle Droite n'empêche pas des «Colonnes Sanglantes» d'un nouveau genre de sabrer tout ce qui ne fleure pas le doux parfum du progressisme. Qu'un homme de lettres ou un philosophe puisse être au-delà des catégories politiques usitées dépasse leur entendement.
«Pas une ride», écrivais-je. Et même plus, oserai-je affirmer ! L'impossibilité de communiquer et la destruction du monde et de l'homme ancien, loin d'être une lubie momentanée d'aristocrate suranné ou de prophète de la décadence, sont deux caractéristiques majeures de ce stade de la civilisation occidentale. La première, conséquence de l'individualisme extrême, participe à la deuxième, effacement méthodique de tous les fondements d'une société organique et enracinée.
Voici trois quarts de siècle, Lovecraft lançait un regard acéré sur la société industrielle et ce monde techno-marchand en pleine éclosion et déjà grand consommateur d'humains. Dans les ports de la Nouvelle-Angleterre et des États-Unis en général, il diagnostiquait l'avènement d'une véritable idéologie du flux et de l'anonymat ainsi que le dépérissement des structures théoriquement immuables de l'ancienne civilisation européenne.
12,00€ TTC
Éditeur(s)
Age D Homme
Date de parution
16/02/2012
Collection
Revizor
Genre
PHILOSOPHIE
Format
190.00 x 125.00 mm
EAN
9782825141649
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