LA VERITE DU BONHEUR (TOME 3) - LETTRES A SES DISCIPLES TOME 3
« Ce qui frappe dans les dialogues de Prajnânpad avec ses disciples indiens ou dans sa correspondance, c'est l'étonnante irréligiosité, ou non religiosité, qui s'y exprime. Certes, Svâmiji est un maître spirituel, et c'est à ce titre qu'il nous intéresse. Mais la spiritualité, explique-t-il, n'est qu'« un autre nom pour l'indépendance »: « Croire en Dieu, fréquenter les temples ne confère aucune spiritualité... Ce ne sont que des histoires que l'on se raconte à soi-même. » Mieux - ou pire! -, cette spiritualité se conquiert, non dans une fuite éperdue ou béate vers l'espérance, mais au fin fond du désespoir, dans un long et douloureux travail de lucidité, d'acceptation et de deuil. Ce maître - car c'en est un, et considérable, et l'un des plus grands de ce temps n'est pas un optimiste, ni un rêveur, ni un croyant. Un philosophe? Pas même. Guère plus que le Bouddha, dont il se sait si proche, il n'enseigne de doctrine ou n'attache d'importance à celles, quand cela lui arrive, qu'il évoque. C'est à peine si l'on peut parler de sa pensée, puisque toute pensée pour lui est mensongère qui ne sert qu'à nous séparer du réel. Il se contente devoir