FOURMIS SANS OMBRE - LE LIVRE DU HAIKU
Rien de plus loin de nous que les haïkus, ces brefs poèmes sans sillage, dont la perfection est toujours effacement : poèmes du moins-dire, qui occupent peu de place, et qui occupent légèrement leur place. Inutile de leur chercher un sens, leur déroutante insignifiance s'ouvre naturellement à tous les sens. Inutile surtout de les lester de nos certitudes : leur poésie baladeuse, sans bagage, est née sur le chemin et entend y rester. Ils fleurissent sur les lèvres du flâneur qui n'attend rien, ne cherche rien, se contente d'aller, prêt à toutes les rencontres, à tous les émerveillements. Ils ne se haussent pas du col, préfèrent l'aise, le débraillé même, et trottent vers l'ineffable par les raccourcis de l'humour. Se laisser aller avec eux...
Les haïkistes nippons notaient volontiers leurs petits poèmes en marge du récit de leurs randonnées, comme autant de pauses, de points de suspension. Maurice Coyaud procède comme eux. Son anthologie n'en est pas vraiment une et c'est tant mieux ; elle prend forme de promenade, de libre divagation. Emboîtant le pas aux haïkistes eux-mêmes, c'est à un voyage à travers le Japon éternel qu'il nous convie, au long d'une vingtaine de chapitres élus par son humeur